Martin Jarrie a peint quarante-huit somptueux portraits de fleurs. François Morel a écrit, en écho, le portrait de Hyacinthe et Rose, à travers les yeux de leur petit-fils devenu adulte. Presque tout oppose ces deux tempéraments, Hyacinthe le communiste bouffeur de curés et Rose la fière bigote. Mais ils partagent une même passion : les fleurs.
Raconter le jardin de ces deux-là, c’est raconter leur vie, faite de petits bonheurs et de grandes luttes, de sérieux et de fantaisie.
Chacun à leur manière, François Morel et Martin Jarrie rendent un magnifique hommage aux fleurs et aux émotions, souvent liées aux souvenirs, qu’elles suscitent. Un livre exceptionnel.
Extrait: «C’est bien simple : Rose et Hyacinthe, mariés depuis quarante-cinq ans, ensemble depuis toujours, ne s’entendaient sur rien. Hyacinthe et Rose. Rose et Hyacinthe. Hyacinthe était coco, Rose était catho. Hyacinthe aimait boire, Rose aimait manger. Hyacinthe aimait la bicyclette, la pêche à la ligne, le vin rouge, la belote et les chants révolutionnaires. Rose préférait les mots croisés, le tricot, l’eau de mélisse, les dominos et les cantiques. Hyacinthe aimait traîner… à table, au lit, au bistrot, avec les copains, sur un banc, dans un champ, sur les talus, à observer les nuages… «Tu n’es qu’un Père Traînard», lui disait Rose qui était toujours la première debout, la première couchée, la première assise à table, la première levée de table, le repas à peine terminé déjà devant l’évier à nettoyer sa vaisselle. «Madame Gonzales» l’avait surnommée Hyacinthe. En souvenir de Speedy. Ils avaient dû s’aimer mais c’était il y a longtemps. Il est même probable qu’ils aient pu faire l’amour. L’existence d’une descendance de douze enfants, de neuf petits-enfants le laisserait fortement supposer.
Moi, j’étais un de ces neuf. Chaque année, le petit Parisien que j’étais venait à la campagne dans le but de se refaire une santé. Mon enfance est remplie de vaches, de bouses, de rivières, de chênes séculaires, de toiles cirées, de cidre bouché, de poules dans les cours, de pots de confitures sur les armoires. Et d’hortensias bleus. Et de camélias blancs. Et de rouges coquelicots. Et de tulipes multicolores.
Parce que le seul sujet qui réunissait notre mémère abondante et notre rouge papy, c’était l’amour des fleurs.»
Hyacinthe et Rose, texte de François Morel, illustrations de Martin Jarrie, Editions Thierry Magnier, 09/2010, 74 pages
Martin Jarrie a peint quarante-huit somptueux portraits de fleurs. François Morel a écrit, en écho, le portrait de Hyacinthe et Rose, à travers les yeux de leur petit-fils devenu adulte. Presque tout oppose ces deux tempéraments, Hyacinthe le communiste bouffeur de curés et Rose la fière bigote. Mais ils partagent une même passion : les fleurs.
Raconter le jardin de ces deux-là, c’est raconter leur vie, faite de petits bonheurs et de grandes luttes, de sérieux et de fantaisie.
Chacun à leur manière, François Morel et Martin Jarrie rendent un magnifique hommage aux fleurs et aux émotions, souvent liées aux souvenirs, qu’elles suscitent. Un livre exceptionnel.
Extrait: «C’est bien simple : Rose et Hyacinthe, mariés depuis quarante-cinq ans, ensemble depuis toujours, ne s’entendaient sur rien. Hyacinthe et Rose. Rose et Hyacinthe. Hyacinthe était coco, Rose était catho. Hyacinthe aimait boire, Rose aimait manger. Hyacinthe aimait la bicyclette, la pêche à la ligne, le vin rouge, la belote et les chants révolutionnaires. Rose préférait les mots croisés, le tricot, l’eau de mélisse, les dominos et les cantiques. Hyacinthe aimait traîner… à table, au lit, au bistrot, avec les copains, sur un banc, dans un champ, sur les talus, à observer les nuages… «Tu n’es qu’un Père Traînard», lui disait Rose qui était toujours la première debout, la première couchée, la première assise à table, la première levée de table, le repas à peine terminé déjà devant l’évier à nettoyer sa vaisselle. «Madame Gonzales» l’avait surnommée Hyacinthe. En souvenir de Speedy. Ils avaient dû s’aimer mais c’était il y a longtemps. Il est même probable qu’ils aient pu faire l’amour. L’existence d’une descendance de douze enfants, de neuf petits-enfants le laisserait fortement supposer.
Moi, j’étais un de ces neuf. Chaque année, le petit Parisien que j’étais venait à la campagne dans le but de se refaire une santé. Mon enfance est remplie de vaches, de bouses, de rivières, de chênes séculaires, de toiles cirées, de cidre bouché, de poules dans les cours, de pots de confitures sur les armoires. Et d’hortensias bleus. Et de camélias blancs. Et de rouges coquelicots. Et de tulipes multicolores.
Parce que le seul sujet qui réunissait notre mémère abondante et notre rouge papy, c’était l’amour des fleurs.»
Hyacinthe et Rose, texte de François Morel, illustrations de Martin Jarrie, Editions Thierry Magnier, 09/2010, 74 pages